L’Économie Sociale et Solidaire n’est pas nouvelle et certains acteurs tels que les banques mutualistes et coopératives, les associations, contribuent depuis longtemps à son développement par le financement des actions fondées sur des valeurs sociales, solidaires et éthiques (Finance alternative). La crise de 2008 a généré une remise en cause du système financier dominant, basé sur la spéculation et soumis à une forte rentabilité financière.
Elle a fait émerger une défiance vis-à-vis du système bancaire traditionnel et des marchés de capitaux. La finance alternative est apparue comme une solution contre le désordre économique et social ambiant : rupture avec la logique de spéculation financière et réappropriation de la finance au profit d’une économie réelle qui répond aux nouveaux enjeux sociétaux.
UN REGROUPEMENT DE MÉCANISMES DE FINANCEMENT BASÉS SUR LA SOLIDARITÉ, LA GÉNÉROSITÉ ET LES OUTILS DIGITAUX
La finance alternative propose de nouveaux moyens d’accès au financement aux particuliers, aux entreprises (startups, TPE, PME), etc., par la mise en place d’outils – le plus souvent digitaux – de collaboration financière avec un nombre important d’épargnants-investisseurs disposés à apporter des fonds sous la forme de dons ou de prêts.
LE RÔLE DU NUMÉRIQUE
Le numérique a décloisonné le monde de la finance pour la rendre accessible au plus grand nombre, multipliant ainsi les acteurs bénéficiant de relations plus directes entre partenaires. La finance alternative se veut au service d’une économie basée sur la proximité, la solidarité, l’utilité sociale et environnementale, au service de l’humain : les porteurs de projet ou/et les particuliers en besoin de financement peuvent communiquer directement avec les personnes susceptibles de les financer.
VERS UNE DÉMARCHE PLUS ÉTHIQUE
Au-delà de la recherche de profit, les apporteurs de capitaux peuvent ainsi satisfaire leur besoin de se sentir utiles et investir dans des projets sociaux et environnementaux innovants. La finance alternative regroupe plusieurs mécanismes de financement tels que le financement participatif ou crowdfunding, la générosité embarquée, la cagnotte en ligne, le micro-crédit ou encore le micro-don.
UN INTÉRÊT DE PLUS EN PLUS GRANDISSANT POUR LA FINANCE ALTERNATIVE… MAIS UN POIDS QUI RESTE ENCORE FAIBLE AU REGARD DE LA FINANCE TRADITIONNELLE
Le marché de la finance alternative reste dominé par la Chine, les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon Céline Mahinc (2021), elle représente 304,5 milliards de dollars en 2018 et pourrait atteindre le cap de 500 milliards en 2023. Malgré cela, les montants collectés restent encore minimes face au poids de la finance classique, traditionnelle. Elle ne peut donc être que complémentaire et non substituable à la finance traditionnelle et cela pour plusieurs raisons.
Son fonctionnement est largement basé sur l’usage du numérique, ce qui l’expose à la cybercriminalité, à son utilisation frauduleuse, par exemple pour le blanchiment de l’argent occulte / sale et le financement du terrorisme. Aussi, le manque de règlementation expose souvent les investisseurs à des risques de non-crédibilité des autres acteurs du secteur. L’implication publique, par le renforcement de la règlementation (régulation et surveillance) appliquée au secteur de la finance alternative pourrait accroitre sa visibilité et sa légitimité en offrant un espace d’échange et d’entraide en toute confiance aux épargnants-investisseurs, entrepreneurs et particuliers.
A l’EM Normandie, nos étudiants sont sensibilisés aux enjeux de l’Économie Sociale et Solidaire. Ils portent un intérêt grandissant pour ce sujet et sont de plus en plus nombreux à s’inscrire à ces cours. D’ailleurs, ils y participent de manière dynamique avec une immersion sur le terrain à la rencontre d’organisations de l’ESS du territoire qu’ils accompagnent bénévolement.