Où en est l’entrepreneuriat étudiant en France ? 2019-2020 affiche 2,7 millions d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur avec 1,6 millions en université. Mais combien sont-ils à entreprendre ? 6 000 étudiants bénéficient du statut étudiants-entrepreneurs avec 30 % de jeunes femmes. Les nombreux incubateurs qui se sont développés ces dernières années* rivalisent d’innovations et, aussi sexy que soient les options telles concours à dotation financière, mentorat, médiatisation, tranche de vie… répondent-elles vraiment aux attentes des étudiants ?
E-learning, blended-learning, learning-by-doing, réalité augmentée, serious-game, flex-room… la sémantique est riche et marque un tournant dans les méthodes d’enseignement. Tout est fait pour « l’expérience étudiant » et la crise sanitaire en a été le starter. La méthode du « digital-teaching » va-t-elle durer dans le temps et comment ? L’AMBA le confirme avec 68 % des cours donnés online mais 48 % d’insatisfaction déclarée parmi les étudiants : instabilité des connexions, environnement, concentration, isolement, manque de dynamisme des intervenants… Mais, où sont nos étudiants en cours de création ?
Étudiant et entrepreneur, ce statut né en 2014, a permis la création de 500 entreprises et s’appuie sur le dispositif PEPITE qui rayonne sur 30 pôles en région. Ce statut permet un accompagnement spécialisé, un aménagement de la scolarité, l’accès à des formations et des ressources ainsi que des aides financières. Les dispositifs fleurissent en France depuis quelques années (PEPITE, Les Entrepreneuriales, Les incubateurs privés…) au risque de perdre celle ou celui qui veut entreprendre. Alors, si, en combinant online et offline, l’accompagnement entrepreneurial de l’étudiant devenait plus expérientiel, stimulant son appétence entrepreneuriale ?
« Dé-diaboliser l’entrepreneuriat », « nous expliquer ce qu’est l’entrepreneuriat, dès le plus jeune âge», réclament les étudiants. Ils estiment que les cours et l’accompagnement -trop formatés à leur goût- les cantonnent à la seule aspiration du salariat. Or beaucoup ambitionnent plus d’harmonie et de bien-être. Créer leur propre emploi en fondant leur entreprise est une solution. Leur motivation première n’est pas uniquement « de faire du business » mais de « vivre une aventure sociale ». Alors, pour s’inspirer et se former, ils misent sur le mentorat en s’accompagnant d’un entrepreneur avec qui ils développent un lien affectif et émotionnel. Ils puisent aussi dans l’expérience partagée sur la toile: Le Gratin par Pauline Laigneau et ses Podcast, Start The F. Up qui diffuse ses outils et les Galères de l’aventure entrepreneuriale. Et oui, créer son entreprise ce n’est pas la vie rêvée des « bisounours » et si, tout le monde aurait bien besoin de câlins, avec l’isolement social, nos étudiants veulent du « vis ma vie » pour apprendre l’entrepreneuriat au travers des succès et des échecs. Ils ont donc développé l’accompagnement Phygital.
Youtube, Les Vidéos TED… les étudiants construisent, se partagent et co-construisent leur propres outils d’apprentissage. Parce que l’écosystème entrepreneurial est hyper concurrentiel et qu’ils veulent du « sur-mesure », pour optimiser les cours et l’accompagnement dispensés dans leurs écoles, ils ont recours aux tutos, réseaux sociaux, pages, blogs, tout est bon pour créer de la valeur et apprendre en favorisant l’expérience étudiant-entrepreneur. L’accompagnement digital est déjà « has-been », vive l’accompagnement augmenté !
L’accompagnement expérientiel que se construit l’étudiant en mêlant mentorat physique et supports digitaux lui ouvre le champ des possibles par la palette d’outils à sa disposition. Tel le peintre, à lui de composer son propre parcours qui répondra au plus près à ses besoins, mettant en éveil son appétence entrepreneuriale. En misant sur ce duo, il se crée une expérience unique. Aux écoles et universités d’en tirer la leçon en développant des évènements informels, stimulants pour rapprocher les entrepreneurs des étudiants : speed dating, visite d’entreprises, de pépinières ou d’incubateurs, stages, afin de leur permettre de créer des liens solides avec celle ou celui qui deviendra son accompagnateur de vie entrepreneuriale. Peut-être deviendront-ils eux aussi les modèles inspirants de la génération à venir.