Se réinventer avec la crise : le phénomène des « slasheuses »-entrepreneures

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Le 17 mars 2020 commençait le premier confinement en France. À pandémie incontrôlable, situation inédite ! Ainsi, depuis cette date, le sempiternel « Métro-boulot-dodo » est remplacé par un home sweet home « boulot-dodo ». Les débuts ont été ardus et apprendre à travailler de la maison n’a pas été chose facile et naturelle. Mais, la ténacité, la motivation, les astuces et  l’inventivité, au gré des tutos et autres MOOC[1] ont conduit les femmes qui entreprennent à se réinventer pour faire face à la crise conduisant certaines à devenir « slasheuses[2] » (travailleurs exerçant plusieurs activités).

Télétravail : se réinventer par la digitalisation

Le télétravail ne fait pas que des malheureuses. Si toutes ne sont pas sur un pied d’égalité quant à la digitalisation[3] (connexion, connaissances, matériel…), nombreuses sont celles qui apprécient le travail à distance. Ce nouveau mode de vie participe grandement à une des motivations premières de la création d’entreprise au féminin : harmoniser vie privée et vie professionnelle. Les nouveaux outils mis à disposition permettent de relever ce défi tout en participant au développement des interactions entre l’entrepreneure et ses équipes mais aussi avec ses clients. Groupes WhatsApp,  meeting zoom, teams ou discorde, le management et le retail se font à distance.

La panoplie des techniques récemment développées permet de se réinventer par la digitalisation. Le contact client se fait davantage « inbound » c’est-à-dire personnalisé, ce qui participe à une approche client plus réfléchie. En effet, certaines activités, notamment dans le secteur des services sont plus adaptées pour faire face à cette situation sanitaire  conduisant au tout digital alors que d’autres se heurtent aux freins du virtuel. Ainsi, Elizabeth Marston, co-fondatrice de Sotera Heritage, une start-up qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour identifier et retrouver des antiquités issues de pillages, est aussi à la tête du domaine Marston Family Vineyard. Exploitation viticole de Cabernet Sauvignon située à Napa Valley en Californie, l’entrepreneure aux multiples casquettes est confrontée aux problématiques de la dégustation qui ne peut se faire à cause des confinements répétés. Ceci rend d’autant plus difficile le développement de l’activité auprès des restaurants et autres clients professionnels.

Distanciel : l’entrepreneuriat sans frontière

Le distanciel contribue à une transformation radicale du monde qui nous entoure et suscite de nouvelles expériences. Intelligence et imagination couplées à l’agilité ont donné à l’entrepreneuriat et au monde professionnel la propension à disrupter rapidement. Tout est désormais à portée de main. Les plateformes dédiées ont permis le développement de salons et d’évènements virtuels à l’exemple de Vinexpo 2021 désormais 100% digitalisé.   Selon Elizabeth Marston, bloquée en France depuis le premier confinement, la digitalisation et le déploiement de nouveaux outils de travail ont été une réelle opportunité pour son exploitation : « l’occasion de sortir des sentiers battus et de trouver des moyens créatifs pour s’engager auprès des acheteurs ». Elizabeth utilise tous les outils pour gérer ses entreprises à distance.

Toutefois le digital n’a pas réponse à tout. Dans le monde viti-vinicole, il est important de rester ancré dans le terroir pour contribuer à véhiculer et à partager l’authenticité d’un domaine qui se veut familial. Elle attend avec impatience la fin de ce nouveau confinement français qui vient de débuter pour enrichir son exploitation de nouveaux cépages et proposer au catalogue des produits inspirés des rosés de Provence. La situation actuelle est aussi l’occasion de poursuivre un télétravail de veille et de préparation afin d’importer ses bouteilles en France et de se faire connaître.

Connectivité et Slashing : merci au digital

La capacité de connectivité est essentielle. L’isolement des uns et des autres pendant l’année a nécessité la mise en place de nouvelles stratégies de communication pour toutes les entreprises. Les médias sociaux venus en appui constituent des canaux puissants et pertinents pour créer et maintenir le contact clients. En partageant des « vignettes de vie » à l’aide d’Instagram, Facebook…, l’entrepreneure se renouvelle dans une dimension plus expérientielle et toujours plus proche de sa clientèle, qu’elle soit B2B, B2A, B2C[4].

Si pour certaines entrepreneures le télétravail a mis en danger l’activité, pour d’autres, il a été  source de révélation. Aidées du confinement et d’une transformation numérique augmentée, certaines ont su saisir des opportunités. C’est le cas de Laure et Muriel à la tête depuis 10 ans des Petites douceurs à Caen, une parenthèse de douceur fondée sur du tout fait maison et local. En effet, avec la situation sanitaire, toutes deux se sont habituées à poster photos et menus pour dynamiser leur nouveau modèle de vente à emporter. La première création d’entreprise, favorisée par les conseils d’un ou d’une mentor est un formidable vecteur d’apprentissage. Alors suivre son instinct et assouvir sa passion créatrice contribue à transformer l’entrepreneure en « slasheuse ». Ainsi, Laure et Muriel outre leur première entreprise, définissent actuellement une nouvelle activité purement digitale.

Phénomène actuel, des entrepreneures expérimentées, fortes d’équipes solides qu’elles ont su se construire avec un management digital affûté de par la crise, sont aujourd’hui à la tête de plusieurs structures. Elles deviennent modèles inspirants, sources de soutien pour continuer à progresser. Elles ont créé de nouvelles activités et sont devenues « slasheuses »-entrepreneures dirigeant à elles seules plusieurs entreprises. Stratèges et visionnaires, avec le don d’ubiquité apporté par le digital, elles sont plus que jamais hyper-créatives : serial-entrepreneures, conférencières, coachs, mentors. La clé, explique Elizabeth, est d’être en capacité de bien définir ses objectifs, sa mission et ses attentes. Comprendre les défis d’aujourd’hui c’est se préparer à réinventer demain. Le phénomène de « slasheuse-entrepreneure » est ainsi né avec la crise liée au confinement.

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