Les Etats-Unis enregistrent une vague de démissions sans précédent depuis l’été 2021. Qu’en est-il de la France ? Constate-t-on le même phénomène ? Est-ce au contraire une simple vaguelette, voire une fake news comme certains le prétendent ? Et comment expliquer ce phénomène ?
Est-ce simplement dû au retour de la croissance, à la pandémie ou plus profondément à une crise du management et du sens du travail ?
Vincent MEYER, Jean-Denis CULIE, Jean-François GARCIA, Xavier PHILIPPE, Thomas SORREDA, Luc TESSIER enseignants-chercheurs à l’EM Normandie en gestion des ressources humaines et sociologie du travail, se sont emparés de ce sujet et livrent leur expertise :
Depuis plusieurs mois, on constate une augmentation sans précédent du nombre de démissions. Comme le note notre groupe de chercheurs : “La France enregistre une croissance record des taux de démissions (+10% et +20% en juin et juillet 2021 par rapport à 2019) et des niveaux encore jamais enregistrés par la DARES : +620 000 démissions et ruptures conventionnelles au 3ème trimestre 2021.“
Cette hausse des démissions peut s’expliquer par la reprise économique, mais en partie seulement. Les salariés questionnent de plus en plus souvent le sens de leur travail et les modèles managériaux classiques proposés par leurs entreprises : “On observe l’émergence d’un salariat liquide, à la fois consommateur des organisations et organisant sa carrière en fonction des opportunités perçues, mais prenant également conscience qu’il est consommé en retour par les organisations (89% des démissions seraient liées à un épuisement professionnel et un manque de soutien managérial d’après Cengage Group, Nov. 2021).“
Alors quelles solutions les entreprises peuvent-elles adopter pour faire face à ce phénomène ? Notre groupe de chercheur attire l’attention sur le fait que “les organisations ne peuvent pas se contenter d’augmenter les salaires ou de renforcer leur marque employeur. Cela ne ferait que renforcer le consumérisme des salariés. Le véritable défi est de repenser les modèles managériaux en donnant plus de temps et d’autonomie aux collaborateurs pour permettre des relations humaines plus authentiques au travail.“
Un groupe de chercheurs de l’EM Normandie, composé de Jean-Denis Culie, Jean-François Garcia, Vincent Meyer, Xavier Philippe, Thomas Sorreda et Luc Tessier, s’intéressent de très près au sujet.