L’EM Normandie compte parmi sa faculté 2 enseignants-chercheurs spécialistes de la méthanisation, qui est l’utilisation d’un processus biologique naturel transformant la matière organique pour produire à la fois de l’énergie renouvelable, notamment du gaz, et un résidu pouvant servir de fertilisant des cultures.
– Roland Condor, Professeur associé en entrepreneuriat et titulaire de la chaire “Modèles entrepreneuriaux en Agriculture”, décrypte les enjeux liés à l’évolution des agriculteurs de leur rôle classique à celui de producteur d’énergie : quelle acceptabilité et quels retours sur investissement ? Comment les agriculteurs font-ils évoluer leur modèle entrepreneurial ? Quel lien entre les agriculteurs, industriels et collectivités locales ?
– Sébastien Bourdin, Professeur en géographie économique , outre sa connaissance fine du secteur de la méthanisation et ses acteurs, travaille sur les questions d’acceptabilité sociale de ces projets. Il a publié près d’une dizaine d’articles scientifiques dans les meilleures revues internationales en économie de l’environnement, et a dirigé un programme de recherche régional et un programme national sur le sujet.
Conflit avec la Russie, risque de pénurie, hausse des prix… La problématique gazière va devenir une problématique centrale.
La France poursuit par ailleurs l’objectif d’atteindre 10% de biogaz dans la consommation globale en 2030. Du point de vue écologique, la combustion du biogaz présente l’avantage de produire dix fois moins de CO2 que le gaz naturel.
La filière est en forte croissance aujourd’hui
Entre trois et cinq projets sont inaugurés chaque mois. Pour l’instant, l’Etat garantit un tarif d’achat fixe de 90 euros le mégawattheure aux producteurs, qui sont en majorité des agriculteurs.
Toutefois, certaines critiques s’élèvent à l’encontre des méthaniseurs, ces installations qui permettent de produire le biogaz. Elles sont accusées de défigurer le paysage ou encore d’émettre de mauvaises odeurs. L’acceptabilité sociale (tout comme les éoliennes) est un enjeu majeur pour la filière, risquant de compromettre son développement en France.
Les problématiques d’acceptation des projets de méthanisation ne se limitent pas au phénomène NIMBY (not in my backyard). Sébastien Bourdin étudie également comment ces projets peuvent être co-construits grâce au développement d’une gouvernance territoriale efficace. En 2021, le volume de production du biogaz, produit par méthanisation de déchets agricoles, a été multiplié par deux par rapport à 2020. Il représente 2% de la consommation française de gaz.
Selon ses analyses, ces initiatives doivent prendre en compte les questions de justice environnementale redistributive. Autrement dit, les citoyens qui subissent les externalités négatives de ces unités ne peuvent pas supporter tous les inconvénients sans bénéficier localement de compensations.
Enfin, il démontre que les spécificités territoriales comptent. En effet, les porteurs de projet cherchent en général à répliquer sur un territoire la « recette » d’un projet qui a fonctionné sur un autre, alors que cette duplication à l’identique ne marche pas systématiquement.