Le développement durable au cœur des élections municipales : sujet brûlant, mesures tièdes ?

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À chaque élection municipale, des engagements plus importants sont pris pour transformer les villes en ce qu’elles n’ont (presque) jamais été jusqu’à présent : des lieux de vie propres, respectueux de l’environnement et durables, des villes en somme apaisées ! Et le mouvement des Verts ne cesse de gagner du terrain dans toute l’Europe. Pour preuve, en France, Europe Ecologie Les Verts (EELV) s’est classé 3ème lors des élections européennes de l’année dernière et a effectué une belle percée lors du premier tour des municipales, en particulier dans plusieurs grandes villes comme Lyon, Grenoble, Strasbourg, Tours où il est arrivé en tête. Les écologistes seront présents au second tour dans au moins 122 communes, soit six fois plus qu’en 2014… Néanmoins, à Paris, la poussée est moins spectaculaire car Anne Hidalgo, qui avait clairement affiché sa volonté de renforcer l’efficacité de sa politique environnementale, a réussi à capter une partie de l’électorat écologiste. Quels sont donc les grands enjeux du développement durable pour les prochaines élections dans la capitale ?

Paris, la ville des défis !

Paris fait partie des plus vieilles villes du monde. Contrairement à des villes plus contemporaines, comme New York, Paris n’a pas été conçue dès le départ avec des contraintes et des infrastructures modernes. Au contraire, elle est construite sur l’addition de plusieurs couches de développement urbain plus ou moins optimisés et une grande partie de ses infrastructures remonte à plusieurs siècles. Cela laisse peu de marge de manœuvre lorsqu’on essaie de mettre en œuvre des réformes environnementales à grande échelle et en profondeur.

De plus, la région parisienne se caractérise par une densité de population assez élevée, ce qui constitue un facteur majeur de l’importante empreinte carbone. Les prix de l’immobilier devenant exorbitants dans la capitale, le risque est grand de voir la ville encore davantage se diluer et s’étendre, augmentant les surfaces urbanisées et les trafics automobiles.

Il va sans dire qu’il n’est pas possible de reconstruire la région à partir de zéro avec des normes environnementales plus strictes. La municipalité doit donc composer avec la configuration du terrain pour mettre en œuvre des réformes environnementales viables. Lutter contre la pollution ne consiste pas seulement à réduire le nombre de voitures à émissions de carbone et à les remplacer par des hybrides. La qualité de l’air est une question plus complexe qui nécessite de repenser l’urbanisme en tendant vers une ville moins minérale et plus verte.

La fin de l’ère automobile ?

Plusieurs mesures ont été prises afin que l’automobile ne soit plus le mode de transport privilégié. En témoigne la mise en place d’une vignette interdisant les véhicules les plus polluants de circuler lorsque les conditions atmosphériques sont trop dégradées. Des interdictions totales ont également été mises en place pour la journée “Paris sans voiture” afin d’éclairer les citoyens sur les modes de déplacement alternatifs, qu’ils soient collectifs ou individuels. D’une manière générale, la région parisienne dispose d’un réseau de transport de bonne qualité, composé d’un réseau de centre-ville (métro) et d’un réseau de périphérie (RER). La modification des routes a simultanément réduit le trafic automobile et augmenté le nombre de véhicules de transport alternatifs. En 2019, Paris s’est même ouverte au service des scooters électriques, avec un premier groupe de 12 opérateurs se partageant le marché.

L’amélioration des infrastructures : une avancée qui change la donne !

Les deux principaux émetteurs de pollution sont naturellement les transports et l’énergie. Le secteur des transports a déjà été considérablement réorganisé, avec le remplacement progressif des bus municipaux par de nouvelles générations et l’aménagement de couloirs réservés aux bus pour leur permettre de circuler plus aisément en cas de trafic dense et de ne pas émettre de gaz d’échappement inutiles. La prochaine étape est la modernisation de l’éclairage municipal, avec plus de 180 000 lampes qui contribuent à la fois au confort et à la sécurité publique, mais qui représentent également une empreinte carbone potentiellement élevée. À chaque appel d’offres, Paris a saisi l’occasion d’installer des ampoules et des LED de nouvelle génération, à l’instar de Copenhague, où la municipalité a obtenu des résultats remarquables.

Une dynamique suffisante ?

Les mouvements écologistes ont durement reproché aux gouvernements et aux villes le manque de dynamisme dont ils font preuve dans les réformes environnementales. Si quelques villes se distinguent par des réformes énergiques et efficaces, la plupart des municipalités ne sont pas prêtes à risquer leur réélection en dérangeant la population n’émettant ainsi que des réformes tièdes et superficielles. Pourtant, plus que jamais, nous avons besoin de vivre dans des villes durables c’est-à-dire des villes inclusives (villes faites par et pour les citoyens), saines (où le bien-être est au cœur des préoccupations), compactes (équilibrant densité et infrastructures vertes). Les futurs élus de Paris arriveront-ils à convaincre tous les citoyens de l’importance de ces mesures pour une meilleure qualité de vie dans la capitale ?

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