Relance du tourisme en France : +responsable, +résilient, +équitable, +innovant

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Le secrétaire général de l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), M. Pololikashvili a déclaré que la crise du Covid-19 était une occasion de repenser le secteur du tourisme et sa contribution à l’humanité et à la planète. Cette crise est une opportunité de reconstruire en mieux un secteur du tourisme plus responsable, plus inclusif et plus résilient permettant de profiter largement et de manière équitable des bienfaits du tourisme. La France, qui est la première destination mondiale, devrait s’arrêter de dire « notre objectif est d’accueillir 100 millions de touristes internationaux » et saisir cette opportunité pour un tourisme plus responsable et plus équitable.

Un tourisme responsable et résilient

Avant la pandémie, le « sur-tourisme » (Overtourism en anglais) a créé des tensions entre les visiteurs et les habitants dans certaines destinations comme Venise, Barcelone, Amsterdam, etc. (Séraphin et al., 2018). Ces destinations accueillent beaucoup plus de touristes que leurs populations locales. Par exemple, avant la pandémie, le ratio entre la population locale et les visiteurs annuels à Venise était de 1 / 360 (v/s 1 / 8 pour Paris) (Zaman et al., 2020). Pour la relance du tourisme, dans un premier temps, les destinations touristiques devraient revoir leurs capacités d’accueil, ainsi que leurs stratégies de planification et de communication. Certaines destinations (ex. Venise, Amsterdam) pensent à taxer les touristes étrangers tandis que d’autres cherchent des solutions innovantes. Zaman et al. (2020) montrent comment une plateforme numérique gérée par la destination pourrait faciliter les échanges entre les différents acteurs du territoire afin de mieux gérer le flux touristique. Et, pourquoi pas des observatoires du tourisme qui intègrent la data afin de mieux gérer ce flux touristique en temps-réel?

Un tourisme équitable

Les technologies de l’information et de la communication ont radicalement changé l’industrie du tourisme, notamment les comportements des touristes et leurs manières de voyager (Zaman et al., 2017). Aujourd’hui, les touristes sont de plus en plus connectés et utilisent des outils digitaux avant, pendant et après leurs voyages (Xiang et al., 2015). Par exemple, avant de partir en voyage, les touristes peuvent consulter les avis des visiteurs (Trip Advisor, Yelp, etc.), comparer les prix (Kayak, Trivago, Skyscanner, etc.), consulter les blogs de voyages, les réseaux sociaux, etc. Pendant le séjour, les voyageurs peuvent chercher un restaurant, poster des photos sur des réseaux sociaux depuis leurs Smartphones (Wang et al., 2016). Et puis, après le voyage, ils peuvent partager leurs expériences sur des sites d’avis et orienter ainsi les futurs touristes à faire leurs choix (Jiang et al., 2020). Si les technologies ont donné plus de pouvoir aux consommateurs, elles ont également permis l’arrivée des OTAs (Online Travel Agencies comme Booking, Expedia, etc.), et autres plateformes (AirBnB, Trip Advisor, etc.) qui ont généré plus de concurrence sur le marché. Certaines OTAs facturent jusqu’à 30% de commission aux hôteliers (Zaman et al., 2016). Si nous voulons saisir cette crise comme une opportunité de rebâtir l’industrie du tourisme en France, il faut également arriver à trouver des solutions équitables pour l’ensemble de l’écosystème. Autrement, les hôtels indépendants seraient perdants faces aux grosses entreprise qui ont la capacité d’investir massivement dans la technologie.

Une gouvernance innovante

Les destinations sont gérées par les DMOs (Destination Management Organisations en anglais). Leurs missions principales consistent à attirer des touristes, leur proposer des expériences, assurer leur satisfaction, et mesurer l’impact du tourisme sur le territoire en question (Del Vecchio et al., 2018). Par ailleurs, les DMO sont considérés comme des « Gate-Keepers » qui font le lien entre les acteurs internes et externes à la destination (Sheehan et al., 2016). Au-delà des missions traditionnelles, les DMO devraient assurer une gouvernance innovante, développer de nouvelles compétences, miser sur le digital et accompagner tous les acteurs du territoire. Par exemple, le DMO de Singapour a signé un partenariat avec Mastercard afin de redessiner le tourisme à l’ère du numérique. Ce partenariat permet au DMO de Singapour de développer des billets d’entrée sans contact, d’exploiter les données liées à la dépense afin d’adapter les campagnes marketing. Pour relacer un tourisme plus responsable, plus résilient, plus équitable et plus digital, il faut donc adopter une gouvernance innovante.

Auteur(s)
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    Mustafeed Zaman Professeur assistant en marketing digital

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