Les enjeux de sécurité, en particulier ceux touchant les espaces publics et les Établissements recevant du public (ERP), privés comme publics, semblent gagner sans cesse en intensité dans l’opinion et en visibilité dans les médias. Chaque événement dramatique, chaque attaque terroriste relance un débat public, généralement passionné, sur ce qui devrait ou aurait dû être fait pour empêcher l’événement de se produire. L’attaque funeste de la Gare Saint-Charles à Marseille, ce dimanche 1er octobre, n’y échappe pas.
Ludovic Jeanne, enseignant-chercheur à l’EM Normandie, souligne le fait que l’État islamique (EI) a donné une dimension territoriale aux tactiques qu’il préconise et diffuse à travers ses médias. Dès février 2015, l’appel à l’usage de « moyens modestes » (dans le sens de « faciles à se procurer et à mettre en œuvre ») pour attenter à la vie de nos concitoyens était déjà diffusé par l’EI. Ce genre de tactique vise à susciter un sentiment de désarroi et de vulnérabilité extrême, aggravé par la perception diffuse de ce qu’aucune force de sécurité ne peut prévenir ce genre de tactique tout le temps et partout. Face à cela, la réaction comportementale commune consiste à rechercher les dispositifs et comportements rendant impossible la tactique d’attaque qui a frappé les esprits (cubes de béton, véhicules faisant barrage, barrières spécifiques, bornes en acier ou béton, etc.).
Pourtant, il est à craindre que ces dispositifs coûteux qui transforment peu à peu nos pratiques et nos paysages urbains voient leur obsolescence arriver rapidement. Malheureusement, celle-ci ne viendra pas de l’arrêt des activités terroristes, mais de ce que nous oublions (presque) toujours de nos poser une question essentielle : comment va réagir l’adversaire à notre action de prévention-neutralisation ? Nous ne devrions pas traiter les problèmes de sécurité publique de ce genre comme des réactions plus ou moins nécessaires mais comme des interactions. L’EI est une organisation innovante, ne l’oublions pas.