Quand le numérique soutient les aidants… mais pas encore assez

Photo : Quand le numérique soutient les aidants… mais pas encore assez

En France, près de 11 millions de personnes accompagnent au quotidien un proche malade, en perte d’autonomie ou en situation de handicap. Parmi eux, les aidants familiaux de patients atteints d’Alzheimer portent une charge immense : soutenir un proche fragilisé, gérer les soins, coordonner les rendez-vous médicaux, sans oublier leur propre vie personnelle et professionnelle. Un rôle souvent invisible, mais qui pèse lourd sur leur santé émotionnelle et sociale.

Face à ce défi, le numérique s’impose comme une solution prometteuse. Applications de suivi médical, plateformes d’information, agendas partagés, forums d’entraide… Les outils existent, mais une question demeure : sont-ils réellement adaptés aux besoins des aidants ?

Des outils pratiques mais peu humains

Dans le cadre de mon mémoire de Master 2, j’ai mené quinze entretiens auprès d’aidants familiaux accompagnant des personnes atteintes d’Alzheimer, et comparé sept plateformes numériques existantes. Résultat : le numérique est bien présent, mais son usage reste limité. Les aidants utilisent surtout ces outils pour des tâches pratiques : rappels de traitement, prise de rendez-vous, géolocalisation. Ces dispositifs allègent la logistique, mais laissent de côté l’essentiel : le soutien émotionnel.

Car si les plateformes permettent d’organiser le quotidien, elles ne remplacent pas la chaleur d’une écoute humaine. Beaucoup d’aidants expriment leur solitude et leur besoin de reconnaissance. « Les outils m’aident à ne pas oublier un rendez-vous, mais pas quand moi je craque », confiait l’un d’eux.

Des freins persistants à l’adoption

Malgré leur potentiel, les outils numériques peinent à séduire tous les aidants. La fracture numérique est bien réelle : âge, manque de temps, faible aisance technologique, interfaces complexes… autant de barrières qui limitent l’usage. Certains découvrent ces plateformes trop tard, d’autres les abandonnent faute de clarté ou de personnalisation.

À cela s’ajoutent les inquiétudes liées à la confidentialité des données ou à la crainte d’une relation déshumanisée. En l’état, le numérique soulage partiellement la charge cognitive, mais pas la charge émotionnelle ni sociale.

Ce que demandent les aidants

Au fil des entretiens, un besoin clair émerge : disposer d’une plateforme unique, simple et personnalisée, regroupant toutes les informations utiles (aides financières, démarches administratives, coordination médicale), mais aussi des espaces de soutien psychologique. Certains imaginent même des outils plus innovants, comme des messages vocaux d’encouragement ou des modules de relaxation intégrés.

Autrement dit, le numérique doit aller au-delà de la simple gestion technique : il doit être pensé comme un compagnon empathique, capable de reconnaître et d’accompagner la réalité émotionnelle des aidants.

Trois leviers pour demain

De cette recherche, trois pistes prioritaires se dégagent :

  1. Co-concevoir les outils avec les aidants, pour qu’ils répondent à leurs besoins concrets.
  1. Centraliser et simplifier l’information, afin de réduire la dispersion actuelle.
  1. Humaniser les plateformes, en intégrant du soutien moral et des espaces de dialogue.

Le numérique n’a pas vocation à remplacer la relation humaine. Mais bien conçu, il peut devenir un précieux allié des aidants familiaux, leur offrant non seulement un gain de temps, mais aussi une reconnaissance et un réconfort indispensables.

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