Brigitte PEREIRA, Professeur de Droit, HDR, EM Normandie Business School, Lab. Métis
Le sixième numéro de la Revue Interdisciplinaire Droit et Organisations offre de nouvelles réflexions sur le développement de la responsabilité sociétale des entreprises.
Ainsi, la première étude des Professeurs Madame Maria Niculescu et Monsieur Alain Burlaud s’intéresse aux nouvelles dispositions de l’Union européenne destinées à favoriser le développement durable des entreprises. Il s’agit de la Directive européenne du 14 décembre 2022 relative à la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises. Cette réflexion met en évidence le changement de syntagme « information non financière » en « information en matière de durabilité ». L’articulation entre le droit, la comptabilité et l’analyse financière est mise en exergue au point de démontrer les mutations auxquelles nous sommes en train d’assister. En effet, la directive CSRD comporte des incidences considérables sur les métiers de contrôle, d’analyse financière et d’audit comptable. Les informations à traiter ne seront pas seulement de nature comptable stricto sensu, mais intègreront une diversité qualitative en s’appuyant notamment sur les expertises des scientifiques.
La deuxième étude du Professeur Madame Sandrine Drapier met pertinemment en relief l’enjeu de lisibilité de cette directive compte tenu d’une profusion actuelle de normes semant la confusion. Les informations que les entreprises seront tenues de fournir, suscite de nombreuses questions sur sa faisabilité. De plus, quel niveau de sanction pourra être mis en place si les informations publiées par les entreprises ne répondent pas aux nouvelles exigences de fiabilité pour solutionner la crise notamment climatique ?
De manière complémentaire, la troisième étude des Professeurs Madame Sourour Hamza et Monsieur Anis Jarboui traitent de la responsabilité sociétale des entreprises dans le cadre du management des impressions. Cette recherche analyse la communication RSE dans le cadre d’une perspective de management des impressions pour démontrer comment les stratégies des entreprises pourraient influencer la qualité des informations RSE. Des risques de décalage entre le discours et l’action sont en effet mis en évidence.
La quatrième étude de Monsieur Ludovic Vitcheff traite des opportunités, mais aussi des défis majeurs dans le domaine de la digitalisation du travail. Cette étude met en relief les insuffisances normatives pour réguler les nouvelles formes de travail. Sont principalement visés les travailleurs indépendants, les plateformes et le contrôle de l’intelligence artificielle.
La cinquième étude porte sur la filière ivoirienne des déchets sous l’angle de l’analyse des attributs des parties prenantes. Les professeurs Monsieur Bance et Madame Kone explorent les moyens dont disposent les parties prenantes pour articuler leurs actions dans le sens de l’intérêt général. Il s’agit de rechercher les moyens de l’action collective du traitement des déchets à Abidjan en ciblant ses failles afin de répondre de manière satisfaisante aux attentes des ménages.
La sixième étude de la Professeure Madame Gendron traite de la résistance au changement et de l’acceptabilité sociale de la transition écologique. L’auteure démontre que l’on doit rechercher ailleurs l’explication entre la prise de conscience de la crise climatique et l’inaction : ce sont les comportements déterminés par des infrastructures qui devraient être visés parce que l’impact écologique dépend avant tout de décisions institutionnelles privées et publiques.