La loi du 5 septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel vise à moderniser les modalités en faveur du développement des compétences des personnes sur le marché du travail en France. Elle insiste notamment sur deux modalités : le e-learning et l’AFEST (action de formation en situation de travail). Cette loi, avec l’essor du travail à distance que nous connaissons depuis la crise sanitaire, œuvre en faveur du développement de la formation e-learning. Or, sur le terrain, les équipes RH comme les centres de formation constatent bien souvent un abandon des apprenants au fil du temps. Comment y remédier ?
L’engagement est une question centrale pour tous les acteurs de la formation, qu’ils soient apprenants, formateurs ou gestionnaires. S’engager, c’est montrer, par des actes, une implication active et volontaire. C’est fournir des efforts perceptibles dans la conduite adoptée par l’apprenant à l’égard de sa formation.
La persistance de cet effort au fil du temps est la question suivante. C’est là que la notion de volition prend son sens (traduction du terme willigness ; voir les travaux de Carroll). La volition représente le fait de maintenir jusqu’au bout une démarche d’apprentissage et à faire preuve de persévérance. Pour ce faire, la littérature scientifique insiste sur le rôle du soutien social. Collaborer avec son entourage apparaît, par exemple, comme une des stratégies à adopter. Par entourage, on entend les formateurs, des pairs mais aussi des personnes de son environnement professionnel (encadrants en particulier). Le soutien peut être orienté vers l’assistance technique ou vers des dimensions socioaffectives (comme de prodiguer des conseils).
Notre étude conduite auprès de 256 personnes, toutes en activité professionnelle ou en recherche d’emploi au moment de l’enquête (2019), ayant pour certaines suivi une formation e-learning – pour d’autres non, montre que le e-learning est adopté en raison des avantages perçus (souplesse d’organisation, acquisition de compétences, satisfaction personnelle). Durant tout le processus de formation (avant – pendant – après), un soutien des formateurs et des encadrants est attendu et joue un rôle dans la persistance de l’engagement. Toutefois, ici, trois caractéristiques individuelles impactent ces attentes de soutien : l’âge de l’apprenant, son niveau de formation et son expérience antérieure en e-learning. Par exemple, un paradoxe (peut-être) est de constater que les personnes ayant déjà suivi une formation en e-learning sont moins enclines à renouveler l’expérience !
En conclusion, pour favoriser le développement de cette modalité de formation, il semble nécessaire de considérer les profils individuels des apprenants et mettre en place un accompagnement tant technique que socioaffectif (pour rassurer, rendre confiant, montrer les progrès). Penser l’espace formatif est, en parallèle, essentiel tout comme créer de l’interactivité. En bref, penser le e-learning nécessite de penser le e-teaching.