Métaverse, l’inéluctable lame de fond qui va bouleverser l’enseignement

Photo : Métaverse, l’inéluctable lame de fond qui va bouleverser l’enseignement

Popularisé d’abord par la littérature SF, puis repris par le cinéma et les jeux vidéo, le concept de Metaverse fait couler beaucoup d’encre depuis les annonces de Facebook. Réalité ou pure fiction ? Nul ne le sait encore, mais nous devons nous préparer à une lame de fond qui changera durablement nos interactions humaines et par ricochet l’univers de l’enseignement en obligeant à repenser l’expérience apprenante. Comment appréhender cette révolution ?

Parler de transformation digitale, c’est déjà du passé. Il suffit d’observer comment se projettent les géants de la Tech pour mesurer les défis que nous devrons prochainement relever. L’interconnexion du monde physique à des mondes virtuels est le nouvel Eldorado ou peut-être le nouveau Farwest si les états ne se penchent pas rapidement sur la question.

Si l’on en croît les experts, nous sommes à l’aube de la 5e révolution industrielle. Facebook n’a pas hésité à mettre 5 milliards de dollars sur la table et recruter 10 000 experts pour préempter cette « Terra Incognita » et y planter son drapeau.

Repenser la pédagogie dans les Grandes Écoles

À nous d’anticiper ce que nous voulons faire de cet espace datacentric qui bousculera nos organisations. Switcher du réel au virtuel, c’est un peu ce que les Grandes Écoles ont initié lors de la crise du COVID. Aujourd’hui, nous devons instaurer des modalités hybrides, avec le meilleur du présentiel et du distanciel, dans l’ensemble de nos interactions avec nos parties-prenantes.

Les Grandes Écoles ont pris conscience que la « mobiquité » plus connue sous l’acronyme ATAWADAC (Any Time, Any Where, Any Device, Any Content, Any Customer) devient la norme de l’expérience apprenante. Les notions de salle de classe et de campus sont désormais obsolètes, car l’accès au savoir ne peut plus être contingenté à des questions purement matérielles.

Les Grandes Écoles doivent repenser comment maximiser l’acquisition des compétences de leurs étudiants en les immergeant dans les univers d’apprentissages les plus pertinents en fonctions des matières et des disciplines enseignées, qu’ils soient physiques ou virtuels.

Dans un futur très proche, les plateformes de ressources et de services comme Siri, Alexa ou OK Google, proposeront à chaque étudiant de disposer de son avatar et de sa propre IA. En fonction des capacités de calcul de cette dernière,  l’étudiant aura un parcours à la carte, taillé sur mesure en fonction de sa progression académique et du niveau d’acquisition des compétences attendues et évaluées en temps réel. Ces plateformes de services, de ressources et de tutorat s’appuieront sur l’ensemble des datas disponibles pour faire matcher le projet professionnel et les compétences nécessaires attendues par un monde du travail en pleine reconfiguration.

Être en avance technologique

Universités et Grandes Écoles sont à la croisée des chemins technologiques et sociologiques. Nous devons avoir comme ambition de créer un monde plus vaste et ne pas laisser les acteurs de la Big Tech réfléchir seuls. Si les dirigeants de l’enseignement supérieur ne s’emparent pas de cette question, les futurs espaces d’apprentissage, les modalités, les contenus et les standards de reconnaissance qui vont avec (diplôme, badge, certificats…) seront contrôlés par des opérateurs privés, certainement très éloignés de l’intérêt général que revêt la mission publique d’enseignement.

Le risque de se voir imposer un standard de pensée et une réduction de notre liberté est grand. Nos étudiants évolueront dans les prochaines années dans des univers virtuels, avec un casque, des lunettes, un écran ou des hologrammes. Ne laissons pas ces oligopoles développer seuls leurs propres campus virtuels sur la base de leur avance technologique et de leur perception du monde.

Nous avons encore un peu de marge grâce à notre histoire et notre savoir-faire pédagogique. Profitons-en pour activer nos expertises et bien nous caler sur l’accélération technologique. C’est une opportunité à saisir : nos institutions multicampus, multicommunautés, multinationales ont la possibilité de repousser les limites via des expériences qui s’affranchissent des limites physiques et matérielles.

Nous sommes encore peu nombreux à avoir mis en place des équipes pluridisciplinaires (techno, RH, orga, veille…) qui réfléchissent à cet enjeu majeur pour adopter une approche Metaverse. Passons à l’action, le compte à rebours est déjà déclenché dans la compétition planétaire que nous vivons. Tic-tac-tic-tac…

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