Territoires et transformation numérique : quelles solutions pour les entreprises ?

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Dans le cadre des activités de sa chaire « Managemende la Transformation Numérique », l’EM Normandie a organisé le 8 mars 2019 un petit-déjeuner sur le thème « Territoires et transformation numérique : quelles solutions pour les entreprises ? » afin de communiquer sur les travaux menés par les enseignants chercheurs de l’école sur ce thème auprès d’un public de professionnels.

Animé par Clarisse Batho, chargée de projets au pôle TES, en charge du e-tourisme et de la e-collectivité et Fabien Nadou, professeur associé en développement territorial et économie régionale à l’EM Normandie, ce workshop visait à mettre en lumière et à débattre sur les enjeux de la transformation numérique sur les dynamiques et politiques territoriales à différentes échelles et sur les relations entre des structures d’accompagnement et les PME.

Au cœur des débats, deux questions fondamentales se posent pour les entreprises de demain :

  • Comment la transformation numérique impacte-t-elle les territoires et leurs acteurs ?
  • Quels sont les effets des nouveaux usages du numérique sur les pratiques, les acteurs et les processus ancrés territorialement ?

L’appropriation du territoire à l’ère du numérique

Comment définir le concept de « territoire » qui peut avoir une dimension très administrative – de la commune à la région, de la nation à l’espace communautaire – et qui a longtemps été confondu avec la notion d’espace. Fabien Nadou, professeur à l’EM Normandie, précise que « ce sont les interrelations entre les individus qui caractérisent désormais cette notion de territoire. Dès lors, celui-ci apparaît comme un véritable construit social entre les acteurs publics, privés, etc. L’espace géographique pratiqué par les individus dans leur quotidien, par exemple la mobilité domicile-travail-divertissement, dépasse très largement les périmètres administratifs et constitue alors des « territoires vécus » qu’il faut prendre en compte ».

 

Une fois délimités les contours de la notion de territoire, les discussions ont évolué sur la manière dont les acteurs économiques s’approprient ce « territoire » à l’ère du numérique et sur la place que les pouvoirs publics laissent aux acteurs du numérique dans la gouvernance des territoires. En effet, l’agenda des politiques publiques, notamment la stratégie de Lisbonne (faire de l’Europe la première industrie de la connaissance et de l’innovation au monde), intègre la transformation numérique comme un élément clé de dynamisme territorial. La transformation numérique apparaît comme porteuse d’espoir en matière de croissance économique et de développement de territoires. Les entreprises, l’ont bien compris aussi. Il est intéressant de voir que les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) se concentrent désormais sur la gestion des villes. Google, par exemple, via l’entreprise Alphabet Inc., cherche à développer sa vision de la ville du futur avec la construction d’un quartier entier à Toronto, au Canada.

 

La transformation numérique est un accélérateur de mobilités géographiques qui vient remettre complètement en question la notion de distance. En effet, les usages du numérique permettent de réduire les distances et les frontières entre les producteurs et les consommateurs, entre les consommateurs et les citoyens, entre le travail (à domicile, en mobilité) et la vie personnelle. La question des usages du numérique vus sous le prisme de la performance économique, des innovations, du développement et progrès social a également été abordée. Sur le plan économique, Fabien Nadou souligne que « le numérique est un facteur de croissance et de productivité ». Il Il permet l’automatisation des tâches et facilite les échanges (B2B, B2C et C2C). De plus, il est source de création d’emplois. Sur le plan social, le rôle de l’intelligence artificielle dans le domaine de la médecine, a été vu comme un véritable progrès. Ses applications (les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes…) permettent notamment d’améliorer la qualité des soins.

 

Parallèlement à cela, le numérique peut aussi venir creuser des écarts importants entre les territoires. Se pose alors la question de l’accessibilité du numérique à tous et partout, y compris pour les entreprises, et de l’ancrage territorial des activités –  quelle localisation ? quelles compétences ? quels emplois ? -. Ces réflexions ont permis aux participants d’échanger sur l’importance des outils numériques et sur le fait qu’ils doivent répondre à des besoins identifiés… ou non. Un exemple révélateur est celui du smartphone qui est devenu quasiment indispensable alors que lors de son apparition, le besoin était loin d’être clairement identifié.

 

Les pôles de compétitivité, un rôle clef dans la dynamique territoriale

Les pôles de compétitivité, et notamment le pôle TES (Transactions Électroniques Sécurisées) jouent un rôle essentiel dans la dynamique territoriale. Clarisse Batho rappelle que « le pôle TES, avec ses adhérents et ses partenaires, imagine et co-conçoit les usages de demain grâce aux nouvelles technologies liées au triptyque sécurité, interopérabilité, fiabilité ». Il accompagne également les TPE et PME du territoire dans la mise en place de projets d’innovations digitales et dans la recherche de financement. Il est également un maillon important en faveur de la collaboration entre les entreprises et du rapprochement des différents territoires. Il est donc primordial d’avoir des pôles de compétitivité alliant ancrage local et rayonnement à l’échelle européenne pour répondre efficacement aux défis de la transformation numérique. C’est la raison pour laquelle le pôle TES a annoncé sa fusion avec le pôle Images et Réseaux. Cette fusion a pour objectif de rendre le nouveau grand pôle, plus fort, plus lisible et plus visible. Ce pôle ainsi constitué dans l’ouest de la France permettra d’atteindre une masse critique et de faire rayonner l’innovation numérique.

 

Pour appuyer ses propos sur la force du réseau, l’ancrage territorial, et le syndrome du « tout innovation », Clarisse Batho cite deux exemples de projets récemment accompagnés par le pôle TES :

  • Homekeeper, un projet porté par Digital Airways, dont l’objectif est de mettre à disposition du grand public un ensemble de services à domicile (le repassage, le bricolage, le jardinage, ou encore les services à la personne…) en utilisant l’intelligence artificielle et l’interaction vocale en français pour assurer l’accès à ces services, grâce notamment à un assistant domestique intelligent nommé Skipit.
  • Inserm en Orbite, un projet porté par la société Bodycap pour étudier les effets de l’espace sur la densité osseuse, la pression artérielle et le sommeil à partir de capteurs miniaturisés. Ce projet a eu une résonance nationale et même internationale puisque les capteurs miniaturisés sont maintenant utilisés pour de nouveaux usages. Dans le domaine médical par exemple, ils permettent un accès continu et à moindre coût, aux données physiologiques. De même, dans le domaine sportif, ils peuvent contribuer à améliorer les performances.

 

Ce workshop a permis de mettre en évidence le rôle fondamental des acteurs publics quant à leur capacité à limiter les inégalités entre les territoires et à permettre l’accessibilité numérique partout et pour tous. Il démontre aussi que, dans les territoires de plus en plus étendus, les entreprises n’ont d’autre choix que de coopérer, être proactives et agiles pour pouvoir résister à la concurrence et innover.

 

A VOS AGENDAS !

L’agilité sera le sujet de notre prochain rendez-vous le 13 juin 2019 sur le campus de Caen de l’EM Normandie

 


A propos de la chaire Management de la Transformation Numérique

Les usages des nouvelles technologies se sont largement développés et cela dans tous les secteurs de l’économie (les services, l’industrie…). Les structures organisationnelles, les métiers mais aussi les relations entretenues avec les parties prenantes en sont profondément modifiées. Pour que la transformation numérique soit toujours synonyme de performance et de compétitivité, il est important de repenser la stratégie globale et les business models, l’organisation du travail mais aussi la relation clients au sein des entreprises.

L’EM Normandie a donc souhaité constituer à travers une chaire, un groupe d’experts du monde de la recherche et de l’entreprise pour accompagner les entreprises dans la transformation numérique afin qu’elles puissent non seulement se préparer pour faire face aux nouvelles contraintes imposées par la digitalisation, mais aussi saisir les nouvelles opportunités qui s’offrent à elle.

 

CONTACT

Mathilde AUBRY
Titulaire de la Chaire “Management de la Transformation Numérique”
Professeur associé en économie

 

Auteur(s)
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    Mathilde Aubry Titulaire de la Chaire "Management de la Transformation Numérique" - Professeur associé en économie

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