Comment définir un terroir ?

Photo : Comment définir un terroir ?

Face au changement climatique qui nous impose de repenser notre alimentation et donc notre production agricole, il s’avère nécessaire de revisiter le lien pouvant exister entre la qualité d’un produit agricole et le sol dont il est issu. Par conséquent, nous devons réexaminer les contours d’un concept fort connu dans le secteur du vin, à savoir le concept de terroir.

Le terroir est un concept multidimensionnel, ce qui explique qu’il soit un objet de recherche tant en agronomie qu’en économie, sociologie ou génétique. Dans un article publié dans le Journal of Agricultural Economics, nous explorons, à travers une analyse bibliométrique, la littérature scientifique anglophone publiée sur ce sujet entre 1986 et 2023, toutes disciplines confondues.

Notre analyse met d’abord en évidence que, bien que le concept de terroir soit historiquement et toujours fortement associé à la production de vin, il s’applique également à toute une diversité de produits, allant de différents fromages aux protéines alternatives, en passant par le cannabis. En plus de cette diversité, notre analyse nous permet de segmenter la littérature scientifique sur ce domaine en deux blocs distincts : d’une part, les sciences agronomiques et biologiques, et d’autre part, les sciences économiques, de gestion et sociales.

Les récents efforts de recherche dans ces deux corpus scientifiques révèlent un focus sur les problématiques liées au changement climatique et à l’adaptation des terroirs aux changements annoncés. Dans le domaine des sciences agronomiques et biologiques, cela se traduit par des recherches significatives sur le terroir microbien, c’est-à-dire l’ensemble des microorganismes caractérisant le sol d’un terroir et impactant directement les qualités organoleptiques des produits qui y sont développés. Dans le cadre des sciences économiques, de gestion et sociales, la recherche se concentre principalement sur les appellations géographiques (Appellations d’Origine Contrôlée, Appellations d’Origine Protégée, Indications Géographiques Protégées, etc.) qui garantissent l’identité des terroirs et l’authenticité de leur production.

Entre les effets du changement climatique et l’accroissement des connaissances scientifiques sur les terroirs microbiens, nos résultats nous invitent à supposer une déconnexion de plus en plus forte entre les qualités organoleptiques d’un produit agricole et les caractéristiques géographiques de son territoire de production. Autrement dit, si nous connaissons les microorganismes nécessaires à la production d’un vin de Bordeaux et les conditions de luminosité, d’humidité, etc., requises pour obtenir ce vin, qu’est-ce qui empêcherait demain de produire ce vin de Bordeaux à Beijing ? Ce type de questionnement, désormais pertinent, incite à s’interroger sur l’évolution des appellations géographiques, qui pourraient être davantage fondées sur des facteurs culturels plutôt que de géographie physique. Alors ? Prêts à déguster un Bordeaux millésime 1976 en provenance de Beijing ?

Auteur(s)
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    David Moroz Professeur Associé en économie - Responsable de la recherche partenariale

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