L’agriculture, bien qu’étant le deuxième secteur émetteur de gaz à effet de serre, a la particularité de pouvoir stocker du CO₂ grâce notamment à la plantation d’arbres et de haies. Engagée dans la décarbonation, elle agit à la fois sur la réduction de ses propres émissions (moins de méthane dans les élevages, limitation des engrais émetteurs de protoxyde d’azote…) et sur le stockage de carbone pour d’autres secteurs cherchant à se décarboner, comme les transports ou l’industrie.
Dans ce contexte, la compensation carbone repose sur un mécanisme économique : en plantant des haies, par exemple, les agriculteurs génèrent des crédits carbone que des entreprises peuvent acheter pour compenser une partie de leurs émissions. Ce système permet aux agriculteurs de financer leur transition agroécologique via des fonds privés. Cependant, il est critiqué : certains y voient un moyen pour les entreprises de déléguer leur responsabilité climatique, achetant ainsi une sorte de “droit à polluer”.
Une autre critique majeure vise la compensation carbone internationale, pratiquée depuis plus de vingt ans. Ce modèle repose sur des financements de projets dans les pays en développement par des entreprises des pays développés. Son opacité et ses dérives (déplacements de populations, manque de transparence, crédits carbone discutables) ont alimenté un fort scepticisme.
Vers une compensation carbone locale
Face à ces critiques, une alternative émerge : la compensation carbone locale. Celle-ci repose sur le financement de projets de stockage de carbone dans des exploitations agricoles situées à proximité des entreprises concernées. Ce modèle relocalise la compensation carbone et s’inscrit dans une logique de circuit court appliqué au climat. En Normandie, plusieurs initiatives de ce type se sont développées, notamment au cours des cinq dernières années.
Dans ce contexte, la recherche menée par Roland Condor et Brigitte Daudet vise à comprendre les motivations des différents acteurs à coopérer dans ce dispositif. Une vingtaine d’entretiens réalisés auprès d’agriculteurs, d’entreprises et d’intermédiaires ont permis de dégager plusieurs enseignements. Vous souhaitez en savoir plus ? Les résultats de la recherche seront présentés lors d’un webinaire le 6 mars à 11h30, inscrivez-vous en cliquant ci-dessous !
Quels enseignements tirer ?
- Une opportunité pour les agriculteurs
- Des entreprises prudentes mais intéressées
- Des crédits carbone locaux plus valorisés
- Un rôle crucial des intermédiaires