Un article publié sur BFM Business, avec la participation de Mathilde Aubry, professeure à l’EM Normandie.
Après l’informatique et l’automobile, l’électroménager pourrait être à son tour touché par la pénurie de composants électroniques.
Il vous sera peut-être difficile d’acheter un réfrigérateur ou un lave-vaisselle dans les semaines à venir. Après l’informatique et l’industrie automobile, c’est au tour de l’électroménager d’être victime de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. En Asie, le président de Whirlpool Chine a déjà tiré la sonnette d’alarme il y a une dizaine de jours: la marque américaine peine à se procurer ces puces nécessaires au fonctionnement de nombreux appareils. Mais qu’en est-il en Europe ?
Si la fédération du secteur peine encore à en évaluer les conséquences, plusieurs fabricants d’électroménagers confirment d’ores et déjà être touchés par des pénuries de composants électroniques. Le groupe allemand Liebherr, qui produit des réfrigérateurs haut-de-gamme dans trois usines en Europe, est confronté à des retards de livraison de la part de ses fournisseurs de semi-conducteurs, ce qui engendre déjà des perturbations dans la production, précise l’entreprise.
Or, en même temps, la demande en appareils électroménager s’est envolée en raison de la crise sanitaire: les ventes de petit électroménager ont grimpé de plus de 11% l’année passée. Du côté des distributeurs, on scrute de près la situation. Boulanger assure rester « vigilant » pour les mois à venir en raison de ses échanges avec les industriels, même s’il ne constate pas de problème « à ce jour ». Le spécialiste français du e-commerce CDiscount rencontre, lui, des difficultés d’approvisionnement pour les appareils de sa marque Continental Edison, même si ce n’est pas « catastrophique ».
Il faut dire que la filière est de plus en plus gourmande en puces électroniques. « Ce n’est pas particulièrement étonnant que l’électroménager commence à être touché. C’est l’un des secteurs où l’innovation est assez importante. En plus, ce sont des domaines où l’on observe une obsolescence très rapide: des produits nouveaux doivent arriver rapidement, il faut les produire très vite », explique Mathilde Aubry, professeur d’économie à l’EM Normandie. L’électronique grand public – électroménager et objets électroniques du quotidien – représente 13 % de la consommation de puces.
« Il y a de fortes chance que l’on retrouve dans l’électroménager ce que l’on a vécu dans l’automobile. La pression de la demande est tout aussi importante. Quand on a des pénuries de ce type-là, le risque est de voir les prix augmenter, ce que l’on n’a pas envie d’avoir dans le contexte actuel », poursuit la spécialiste.
Et s’ajoute à cela, précise un grossiste, une pénurie d’inox qui entre dans fabrication des tambours des machines et qui occasionne des retards de livraison.