Métaverse : bienvenue dans les espaces numériques et technologiques

Photo : Métaverse : bienvenue dans les espaces numériques et technologiques

Les discussions sur le metaverse animent les médias depuis les annonces de Mark Zuckerberg sur l’avenir de Facebook qui le définit comme un « environnement virtuel où vous pouvez être présent avec des gens dans des espaces numériques, un internet incarné dans lequel vous êtes acteur plutôt que spectateur ». Mais derrière ce coup de com’, il n’y a rien de nouveau, sauf la capacité de calcul des microprocesseurs, ouvrant des perspectives totalement nouvelles.

Linden Lab, en créant Second Life en 2003, a posé les bases de fonctionnement du tout premier metaverse de l’histoire, sur lequel, 19 ans plus tard, 60 000 personnes se connectent encore quotidiennement.

À l’origine

Alors pourquoi aujourd’hui, nos sociétés semblent-elles le découvrir ? Tout simplement parce que la puissance de calcul des processeurs est passée du gigaoctet (109) dans les années 2000 au zettaoctet (1021) dans les années 2020, rendant concevable la mise en interactions de dizaines de millions de personnes dans des espaces totalement virtuels pilotés par des algorithmes et des IA. Mais aussi parce que Satoshi Nakamoto a mis en place le Bitcoin en 2008, toute première cryptomonnaie permettant de s’affranchir de tiers de confiance. Nous avons le marché et le moyen d’échange, reste à concevoir le contenu !

Un nouvel espace-temps d’interactions humaines parallèle

Pour certains, ce n’est qu’un coup marketing des géants de la Tech, pour d’autres, un nouvel espace-temps d’interactions humaines, parallèle à notre propre univers physique. La réalité est certainement bien plus complexe, mais les risques d’anomie (désorganisation sociale) sont bien réels. Car si ces nouveaux univers numériques peuvent constituer de nouveaux eldorados, il y a fort à parier que pour bon nombre d’entre eux, cela se transforme en Far West où la loi du plus fort prévaudra sur l’intérêt général.

De l’importance des lois

Sans document fondateur, telle une « Constitution mondiale du metaverse », un monde parallèle et quasi souverain, non contrôlé, sans organisation ni loi, où les valeurs communes fondatrices de nos sociétés seront reléguées au magasin des souvenirs, se mettra doucement en place, et proposera une alternative numérique à un monde physique en perte de repères. Steven Spielberg avait vu juste en 2018 avec son film Ready Player One, une dystopie qui semble de plus en plus susceptible de devenir réalité.

Les Millennials, fruits de la révolution technologique et numérique

Alors vous me direz, quel rapport avec nos Grandes Ecoles ? Tout à vrai dire ! Car depuis maintenant trois ans, les business schools intègrent chaque année des étudiants nés en même temps que l’avènement de l’ère Internet. L’intégration de cette génération qui porte plusieurs noms (Millennials, Y, Z, Alpha) bouleverse le fonctionnement des écoles. Elle évolue dans une société dont les pratiques et les représentations individuelles et collectives ont été transformées par l’ensemble des usages des technologies numériques.

Cette génération grandit dans une société dont la culture a été modifiée par les spécificités de la médiation instrumentale numérique. On ne s’informe plus, on ne s’exprime plus, on ne raisonne plus exactement de la même manière qu’auparavant et les technologies numériques y sont pour quelque chose. Cet impact des technologies numériques s’exerce finalement sur ces jeunes, qu’ils fassent ou non un usage intensif des technologies, puisque c’est l’ensemble des dimensions de notre culture qui a été affecté par le numérique. Les évolutions culturelles, dans toutes leurs dimensions, sont tellement rapides et disruptives que les « digital natives » ont déjà connu plusieurs changements sociétaux et culturels profonds. Et le metaverse sera le prochain.

La mission de l’enseignement supérieur sur les questions technologiques et numériques

Universités et Grandes Ecoles sont à la croisée des chemins technologique et sociologique. Le risque de se voir imposer un standard de pensée et une réduction de notre liberté est grand. Si les dirigeants de l’enseignement supérieur ne s’emparent pas de cette question, les futurs espaces d’apprentissage, les modalités, les contenus et les standards de reconnaissance qui vont avec (diplômes, badges, certificats…) seront contrôlés par des opérateurs privés, certainement très éloignés de l’idée que nous nous faisons de la mission de service public de l’enseignement.

Et là, plus question d’Eldorado ou de Far West, mais bel et bien de Terra Incognita. Il en va de l’avenir de la qualité de nos institutions de prendre à bras le corps ce sujet et ses multiples facettes avec l’arme la plus efficace que nous ayons à notre disposition : la production de connaissances. Faisons de ce sujet un objet de recherche, en mobilisant nos différentes facultés afin que celles-ci analysent scientifiquement le concept sous toutes ses dimensions afin d’élaborer un cadre commun de fonctionnement. C’est le moins que nous puissions faire pour les générations présentes et futures. Le temps presse…

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