L’alternance avec un grand A

Photo : L’alternance avec un grand A

Trois fois plus d’élèves en contrat d’apprentissage, trois fois moins de chômage après la diplomation : l’Allemagne semble avoir une belle longueur d’avance sur la France en matière d’alternance. Certes ces chiffres sidérants sont a fortiori biaisés par le fait que, dans notre pays, la filière ne se limite pas actuellement aux contrats d’apprentissage mais compose aussi avec les contrats de professionnalisation. Néanmoins, force est de constater qu’il y a un malaise… Notre système éducatif a longtemps cloisonné la filière aux métiers manuels. Pire, elle l’a reléguée au rang d’alternative médiocre dédiée aux élèves en difficulté scolaire… voire même exclusivement aux garçons ! Fort heureusement, la vapeur s’inverse depuis plusieurs années déjà dans les écoles de management qui lui reconnaissent des vertus incontestables et en font désormais une filière d’excellence. Et il est primordial que ces changements culturels se confirment !

Mixer enseignement théorique et pratique n’est pas l’apanage des allergiques aux salles de classe mais constitue au contraire un formidable levier pour la montée en compétences de futurs managers opérationnels, dotés de solides connaissances et doués d’une véritable intelligence des situations. Car c’est bien là tout l’enjeu de l’alternance : apprendre à exploiter ses connaissances et à les adapter pour répondre aux problématiques des entreprises. Et l’EM Normandie l’a bien compris en mettant l’accent sur le développement de la filière depuis plusieurs années. En témoigne l’envolée des effectifs engagés dans la voie : ils ont été multipliés par presque 3 en 4 ans et dépassent aujourd’hui la barre des 600 étudiants.

Avec un taux de placement avoisinant les 95% à la sortie et un salaire moyen d’embauche de +5% par rapport à un cursus classique, le plébiscite de l’alternance n’est pas surprenant. L’exonération partielle ou totale des frais de scolarité et la perception d’un salaire oscillant entre 55 et 100% du SMIC, voire plus selon la convention collective de l’entreprise, sont aussi un levier avéré d’ouverture sociale. 64% de nos alternants sont issus d’admissions parallèles et de classes socio-professionnelles moins favorisées. Sans ces avantages, ils n’auraient sans doute pas rejoint une Grande Ecole. Nous devons donc nous féliciter de ces chiffres qui vont dans le sens des nombreuses actions menées en faveur de l’égalité des chances.

L’engagement des entreprises est également un signal fort. A titre d’exemple, l’EM Normandie a reçu cette année plus de 5 000 offres en direct et 65% des alternances signées le sont dans le cadre de contrats de professionnalisation. Traduction : les entreprises sont prêtes à financer 50% des frais et à se passer de l’exonération des charges salariales pour former de jeunes pousses à leurs métiers et à leur culture et bien souvent les embaucher après l’obtention du diplôme. Naturellement ce sésame vers l’emploi impose un lourd contrat moral ; fini le temps où l’étudiant devait se concentrer sur ses seuls cours et examens : l’alternant doit être aussi impliqué sur les bancs de l’école qu’en entreprise pour tirer pleinement profit de sa formation. Grande capacité de travail, sens de l’engagement, assiduité et professionnalisme sont donc capitaux pour réussir dans cette voie d’EXCELLENCE.

Alors non l’alternance n’est pas réservée aux métiers manuels. Non l’alternance n’est pas réservée aux élèves en difficulté. Et non l’alternance n’est pas réservée aux garçons ! L’Allemagne a parcouru un chemin considérable ces 10 dernières années : la France lui emboîte le pas avec les prémices d’un changement culturel encourageant. Mais pour se targuer de chiffres aussi positifs dans un avenir proche, il est primordial que la réforme en cours ne freine pas l’alternance aux diplômes de niveau I.

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