Should I stay or should I apply ? Pourquoi répond-on à une offre d’emploi ?

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Le marché de l’emploi est toujours organisé par les traditionnelles annonces. Certes, les entreprises couplent ces publications avec d’autres stratégies dans 96 % des cas. Mais le volume des annonces d’emploi cadres a augmenté de 34 % en 2022. La stratégie multicanal passe par les annonces, et rien ne semble indiquer que cette situation doive changer. Les annonces cumulent les avantages : elles sont peu coûteuses et moins chronophages que la « chasse » sur LinkedIn. En invitant les individus à manifester leurs candidatures, elles permettent un premier tri : le premier rôle de l’annonce est de provoquer des candidatures motivées. Enfin, les offres d’emploi sont un espace d’expression des marques employeurs, dont les recruteurs espèrent beaucoup pour attirer les meilleurs talents.

Pourtant, tout semble indiquer que les candidats aient du mal à être au rendez-vous. Le volume des réponses aux annonces décroît. Malgré un nombre toujours important de chômeurs, un nombre significatif d’offres d’emploi demeure non pourvu. Une large majorité des recrutements de 2022 ont été perçus comme difficiles, du fait de la rareté des candidatures ou de leur inadéquation avec les offres publiées. Les recrutements de 2023 sont envisagés avec crainte, par l’anticipation des mêmes difficultés. Il est régulièrement avancé que, face à une offre pléthorique et à un marché pénurique, il serait facile aux candidats d’être exigeants en matière de conditions de travail, de rémunération et de missions. Le confinement et la crise du COVID auraient fait émerger des attentes élevées, parfois excessives et souvent incompatibles avec les contextes d’emploi des entreprises. Au-delà des attitudes et des comportements, ce sont les mécanismes de l’appariement entre candidats et employeurs qui sont à éclairer. Pourquoi un candidat décide-t-il de répondre à une offre ?

Pour la plupart des études, le déterminant principal est le « fit » entre le poste décrit par l’annonce et les attentes du candidat : ses motivations, ses compétences ou ses aptitudes. Beaucoup d’enquêtes examinent les priorités des candidats en leur demandant de hiérarchiser plusieurs critères classiques (la rémunération, l’intérêt du poste, la qualité du management) ou plus contemporains (possibilité de télétravail, conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, égalité entre hommes et femmes). Mais d’autres contraintes viennent relativiser l’influence de ces causes. Le recrutement est une compétition qui ne tolère qu’un gagnant. Postuler est donc un investissement aléatoire ; le choix de postuler signifie estimer que les probabilités de succès sont fortes. Les postulants ignorent qui sont les décideurs, quels sont leurs critères de choix et quelles réalités se cachent derrière les annonces. Les modalités précises de la compétition ne sont pas présentées aux candidats. Comment les candidats estiment- ils leurs chances ?

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    Jean Pralong Professeur en RH digitales et gestion des carrières

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