Cook & Cycle : sur les pistes d’une douce influence

Photo : Cook & Cycle : sur les pistes d’une douce influence

Hors les routes tracées, Coline Dournes (promotion 2011) roule à vélo sur les voies à double sens de l’interculturalité.

Le 11 mai dernier, Coline a bouclé son périple de 26 mois autour du monde, réalisant son rêve d’adolescente et alliant ses passions : le voyage à vélo, les rencontres et la cuisine. Accompagnée de son ami Jonathan, elle part le 5 mars 2017 pour l’Amérique du Sud, qu’ils traversent jusqu’à la Colombie. Puis elle continue seule, sillonnant l’Asie du Sud-Est, l’Asie centrale, le Caucase et l’Europe. Outre le matériel indispensable à la vie quotidienne, Coline embarque dans ses sacoches une poêle à crêpes et le fouet mécanique de sa grand-mère. « Mon idée, ditelle, c’était le mélange des cultures. Et lors de mes précédents voyages, je m’étais rendu compte du pouvoir de la cuisine pour rencontrer des gens et créer du lien. J’ai opté pour la crêpe, plat facile et adaptable. » Au fil des rencontres, elle fait découvrir la crêpe à ses hôtes, puis leur propose d’imaginer une garniture selon leur tradition culinaire. Elle recueille ainsi plus de 70 recettes inédites. Suivra bientôt un livre, regroupant anecdotes de voyage et recettes de crêpes.

Au long de son parcours, Coline est hébergée 222 nuits chez l’habitant, chaque fois avec ce voeu : apporter autant que recevoir. « Le fait de donner en échange, ça n’est pas forcément matériel ou monétaire, argue-t-elle. Les gens voulaient juste du temps ensemble. Ma manière de partager le plus avec eux, ce qui leur faisait le plus plaisir, c’est que je parle leur langue. » Au cours de son voyage, Coline apprend ainsi l’espagnol, le russe, le thaï, le lao, le turc et l’italien. Bien sûr, elle pratiquait déjà l’anglais, dont la connaissance avait été approfondie à l’EM Normandie. C’est là également qu’elle a reçu les armes pour préparer son voyage. « Cook & Cycle, ça a été en amont toute une gestion de projet, et c’est ce que j’ai appris à l’EM Normandie, confie-t-elle. J’y ai vécu à 300 %, ça a participé à ce que je suis aujourd’hui, influé sur ma confiance en moi. Le fait d’entreprendre, je l’ai bâti au sein de cette école. » Ses relations ont perduré avec le réseau Alumni, qui a soutenu sa campagne de crowdfunding, promu son projet et relayé ses actualités.

Épaulée, certes, Coline est une battante. Suite à un accident de moto, en 2004, on lui prédit une vie à jamais exempte de sport. Insoumise à la fatalité, elle réussit à redonner à son « genou en carton » la force de pédaler. À vélo, donc, jusque dans l’ascension d’un col à 5 000 m ou les cahots d’une piste défoncée, Coline emprunte des chemins qui mènent là où personne ne va.

« Dans 99 % des endroits où je suis passée, petits villages ou hameaux perdus, dit-elle, les gens ne connaissent rien des autres cultures. Si j’ai beaucoup appris en les rencontrant, eux, qui ne voyageront jamais, ont toujours été curieux de savoir ce qu’il y a chez nous. » Si Coline sait si bien instaurer le climat de confiance propice aux échanges et attiser l’intérêt pour notre culture, c’est sûrement par sa délicate façon d’aborder l’« ailleurs » et l’« autre ». Le vélo « efface en grande partie la différence de richesse », observe-t-elle, et permet d’arriver « en toute simplicité avec le moyen de transport le plus universel ». Et quand on lui demande ce que c’est qu’être « étranger » : « C’est ne plus avoir aucun repère, tout est nouveau à chaque instant. On apporte sa propre différence, tout en s’adaptant à celle des autres. C’est un enrichissement autant pour moi que pour eux. » Coline semble détenir une des clés du soft power : dénuée de toute arrogance, par les sésames universels du vélo et de la cuisine, c’est sous le toit tutélaire de ce qui unanimement nous rassemble qu’elle suscite le dialogue des cultures et essaime les singularités de la nôtre.

Propos recueillis par Marie Luc Mâlet

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