Qui a inventé les revues académiques, les français ou les britanniques ? D’où viennent les associations académiques et les comités de lecture ? Pourquoi s’embête-t-on avec l’évaluation en double aveugle ?
Le travail de l’enseignant chercheur tel qu’il existe aujourd’hui est très fortement structuré autour de la publication d’articles académiques dans des revues scientifiques. Ces dernières sont en général pilotées par des comités de lecture qui organisent une évaluation des soumissions en double aveugle.
S’il existe évidemment des variations et de constantes innovations, cette organisation du travail académique reste fortement institutionnalisée, et de plus en plus mondialisée. Nous proposons ici une archéologie de ces revues en identifiant les moments d’émergence de leurs principales caractéristiques, à savoir : les sociétés savantes et publications périodiques du 17e siècle, les politiques éditoriales et comités de lecture du 18e, et enfin l’évaluation en double aveugle qui s’impose à la fin du 20e.
Pour ce faire, une partie de nos analyses historiques se concentrent sur les deux périodiques considérés comme matrices des revues modernes : le Journal des Sçavans français et les Philosophical Transactions britanniques. Il s’agit ici de problématiser l’ensemble de ces caractéristiques en les replaçant dans les contextes où elles ont permis de répondre à des problèmes, tout en faisant l’objet de débats et négociations.
Cet article a pour but de contribuer à l’histoire de la pensée managériale, mais également, dans son approche fortement influencée par la pensée foucaldienne, d’alimenter une critique (au sens philosophique) des sciences de gestion comme discipline et comme profession.